Extraits de textes et de livresTOUAREGS NIGÉRIENS Edmond BERNUS Cette étude a fait l’objet d’une thèse de Doctorat d’Etat de Géographie, "Les chiens (iyedan, sing. idi) sont souvent présents dans les campements touaregs. Mais on
distingue le chien de garde, chargé d’alerter ses maîtres en cas de visite d’animaux sauvages ou d’étrangers,
qui aboie à tout propos et qui est appelé abeykor (pl. ibikar), plus lourdement charpenté que le chien de
race (3), lévrier à la taille fine et aux longues pattes. Ce dernier est utilisé pour la chasse, car il force à la
course biches, gazelles ou autruches. Il est l’objet d’un élevage soigné. On évite tout abâtardissement de la
race en baguant les chiennes. On le nourrit de lait, de viande, de bouillie de mil. C’est un animal précieux,
mais qui ne fait pas l’objet d’un commerce. On donne les chiots à ses amis et connaissances, jamais on ne
les vend. (NICOLAS 1953,478-480). Chaque chien porte un nom qui fait
référence en général à sa couleur : On distingue aussi le chien par le port des oreilles, couchées vers l’avant, l’arrière ou pointant
droit. La généalogie des chiens de race, comme celle des chevaux, mériterait d’être tentée. NICOLAS
(1953, 479) signale que les chiens de chasse des Iullemmeden sont issus d’une chienne du nom de
Telajamoul, appartenant au chef des Tiggirmat, et que les chiens des Kel Es Suk proviennent d’une
chienne des ancêtres de Tefennut, fils de Firhun, qui fut chef des Tarraït-Amout de l’Ouest. (1) abayogh, pl. ibiyagh
CHAMEAU, CHEVAL, CHIEN Edmond Bernus 1999 Le chien Le chien touareg est un lévrier qui est utilisé exclusivement pour la
chasse, ce qui semble paradoxal pour un peuple pasteur. Cependant,
parmi les chiens africains, le lévrier est toujours associé aux zones
arides et parmi les lévriers du désert, le lévrier touareg possède une
originalité qui l'a fait distinguer par les cynophiles sous le nom de "Lévrier de l'Azawakh" ou Azawakh. Des recherches archéologiques récentes ont permis de fouiller des sites d'habitat néolithique où ont été inhumés des hommes et des animaux. Au site de Chin-Tafidet (Paris 1992 : 33-53 & 1984 : 7-75), situé dans les plaines au sud-ouest de l'Aïr, on a trouvé des vestiges variés. Il s'agit de squelettes humains ainsi que des squelettes de bovins, de petits ruminants et de canidés : les ossements de ces derniers ne sont pas dispersés et, par conséquent, ont été enterrés. Trois squelettes de chiens ont été découverts et on peut affirmer qu'ils appartiennent au groupe des lévriers. Ces recherches ont donc montré la présence de lévriers inhumés par des " Soudaniens du Néolithique terminal, qui vivaient lors de la dernière période humide de I'Eghazer, entre 4000 et 3500 BP, c'est-à-dire entre 2600 et 1800 avant notre ère" (Paris 1992 : 53). Ainsi, le lévrier était présent dans l'Azawagh bien avant l'arrivée des Touaregs. On retrouve chez le chien, comme chez le cheval, la même distinction entre le chien de mauvaise race et le chien noble, lévrier touareg dont on a contrôlé les croisements depuis des générations. Dans son célèbre dictionnaire, le Père de Foucauld (1951-1952: II, 695), distingue le chien de race quelconque (eidi), du lévrier de race pure, haut sur jambes, mince de corps, rapide à la course (oska), "du chien à poils longs" (de race quelconque) (aberhoh), du "chien de mauvaise race" (abaikor ou abeinous) synonymes du précédent, ou encore du «chien croisé de lévrier et de chien à longs poils" (akâmi). Dans l'Azawagh proprement dit et dans l'Aïr, on appelle le lévrier idi (plur. idan) et le chien de mauvaise race abaykor (plur. ibikar) (Alawjeli 1980 : 16 & 13; Nicolas 1950 : 11) alors que chiot est appelé aykar. Communément appelé sloughi, le lévrier africain était connu depuis longtemps au Maghreb chez les nomades. Le lévrier a été connu plus tard, lors de la lente pénétration du Sahara par les explorateurs : le lévrier azawagh est un chien à poils ras qui joue un rôle important et est présent dans tout le pays touareg. Seuls les nobles (imajeghan) et certains groupes religieux de l'Azawagh, en particulier les iberkorayan et imazwaghan ne possèdent pas de chiens : il est pour eux un animal lié à une activité. la chasse, qu'ils ne pratiquent pas et qui est la spécialité des tributaires (imghad). Le lévrier, cependant, est présent dans tous les campements, exception faite de cette minorité de nobles et de religieux. On connaît la réputation de chasseurs de certaines tribus d'inlghad: d'abord les Dag Ghali dans l'Ahaggar, chasseurs de mouflons, mais aussi les imghad de l'Azawagh, chasseurs de gazelles (Gazella dama, dorcas, rufifrons), d'autruches, et encore récemment d'antilopes (oryx); il s'agissait autrefois, dans certains cas, de chasses à courre où le cheval et le chameau remplaçaient le chien (Lhote 195 1& Brouin 19-10 : 425-455) : on peut citer encore pour un passé proche (vers 1940). les Idebbedad, iklan-n-egef (affranchis) de la région de Télémsès pour la chasse au lion (Nicolas 1950 : 127- 130). Comme tous les animaux domestiques des sociétés pastorales, chaque
lévrier porte un nom auquel il répond. Ce nom se rapporte souvent à une particularité physique, qui fait référence dans bien des cas à la
robe. Chez les Iwellemmedan Kel Denneg du Niger, on note les robes
suivantes : edaber, gris pigeon, en référence à la tourterelle; azerghaf, pie, bicolore, qui désigne une race de chameaux utilisés par les Touaregs
de l'Aïr pour former les caravanes du sel vers Fachi et Bilma; egheri,
rouge cuivré à cou blanc; abarog, robe unie, grise, crème; arshi, rayé ou tacheté, en référence au lycaon (tarshit); azol, chien aux yeux ou à la bouche cerclés de noir, référence à l'antimoine (tazolt) dont usent
les Touaregs, hommes et femmes: pour rehausser l'éclat de leurs yeux.
Chacun, cependant, peut donner, à sa guise: un nom à son chien : ainsi
le petit-fils du chef des Illabakan avait appelé son chien dog, en souvenir
des visites d'un missionnaire américain. Voir le texte en entier (format pdf)
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